Entrevue avec Florence et Juliette de l’Auberge de la tour et spa
1837, chemin Alfred-Desrochers, Orford
https://www.auberge-de-la-tour.com/
L’été, c’est la période la plus lucrative pour les entreprises de tourisme. Comment s’en sortiront-elles avec la crise? J’ai rencontré virtuellement Florence et Juliette, les deux propriétaires de l’Auberge de la tour à Orford pour en discuter. Si vous cherchez un havre de paix et des hôtes aux petits soins, lisez ce qui suit.
Pour ceux et celles qui ne connaissent pas votre auberge, comment la décririez-vous?
F : On aime dire que quand les gens viennent chez nous, ils se sentent comme chez eux, mais sans les inconvénients. On les chouchoute et on s’organise pour qu’ils puissent profiter de notre cadre magnifique. On a le parc Orford à côté, une belle terrasse extérieure avec plein d’oiseaux différents.
J : Les gens sont toujours surpris du calme chez nous. Tu te reposes à 100%.
Comment et quand tout cela a-t-il débuté?
F : Il y a une dizaine d’années, on a décidé de quitter la France et d’immigrer au Québec. On ne savait pas trop comment s’y prendre. Je voulais faire un cours de cuisine et en France, à 34 ans, c’est plutôt compliqué de reprendre les études. Par hasard, on est tombés sur Québec métiers d’avenir et quand j’ai parlé de cuisine on m’a tout de suite dit qu’ils étaient intéressés. Six mois après, j’étais ici.
J : Notre rêve dans tout ça c’était de venir au Québec et d’ouvrir notre auberge. On s’est d’abord installées à Trois-Rivières. On avait une idée bien précise du style d’auberge qu’on voulait : que le client se sente bien, être près de la nature, avoir une partie privative bien séparée ainsi qu’une salle de bain privée pour chaque chambre. On n’a pas trouvé d’auberge particulière à Trois-Rivières. Dans mon travail, il y avait un poste à Sherbrooke. On avait déjà rencontré des personnes qui nous avaient dit que les Cantons-de-l’Est étaient vraiment une jolie région. Ils nous suggéraient de venir visiter. On a fait un petit voyage de deux-trois jours et on est tombées en amour. Nous sommes donc déménagées dans la région.
F : Chaque matin pour aller travailler au Parc (Mont Orford), je passais devant l’auberge. Pis, chaque matin, je me disais : « Oh, mon dieu, elle est belle cette auberge! Ça serait juste parfait. » Je suis allée voir leur site Internet et tout correspondait à nos désirs. Puis, un jour, on a vu qu’elle était à vendre. On l’a visitée une fois et c’était wow!
J : On est propriétaires depuis octobre 2019.
En date d’aujourd’hui, le 23 juin, les gîtes n’ont toujours pas eu l’autorisation d’ouvrir, comment vivez-vous cela?
(NDLR: Les gîtes sont maintenant ouverts depuis le 25 juin)
J : Difficilement. On vit ça un peu comme une injustice en fait. On comprend que c’est une période toute nouvelle pour tout le monde et qu’il y a des impératifs de santé publique, on en est bien conscientes. Mais on ne comprend pas pourquoi les chalets, par exemple, et les hébergements AirBnb sont ouverts, mais pas nous. Les propriétaires ne sont pas sur place, ils ont donc moins de contrôle. Alors que nous, sur le ménage et le va-et-vient, on est là.
F : Et, dans notre cas, nous avons des normes à respecter au niveau hygiène, sécurité, salubrité auxquelles on est obligées de se plier tous les jours de l’année.
J : On a déjà mis en place toutes les mesures et recommandations du plan sanitaire qui a été déposé il y a dix jours. On attend le ok de la santé publique.
Quels sont les impacts directs de la crise sur votre entreprise l’Auberge de la tour?
F : Beaucoup d’annulations, ça c’est sûr. Puis, nous, on a fermé le 15 mars par mesure préventive puisqu’on voyait ce qui se passait en France.
J : Une semaine après, il y a eu la fermeture obligatoire qui a été ordonnée. Depuis, il y a zéro client et zéro rentrée d’argent. Les taxes et toutes les autres dépenses continuent de courir. Par chance, la BMO a été très proactive concernant l’hypothèque. On a donc un report de paiement d’hypothèque pendant six mois.
F : Ça, ça nous a sauvées, car, pour être honnête, je ne sais pas comment on aurait fait.
Quels moyens pensez-vous mettre en place pour vous adapter à la présence du virus d’ici à votre réouverture?
F : On a mis en place des affiches de prévention partout. Dans chaque chambre, les gens ont accès à du savon, bien sûr, mais aussi à du désinfectant et des lingettes désinfectantes. On va servir les déjeuners et recevoir les clients avec une belle visière comme dans les restaurants. On a fait le choix de la visière plutôt que du masque parce que, ce qui est important pour nous, c’est l’accueil. On ne voit pas notre sourire derrière un masque.
J : On va suivre toutes les recommandations de la santé publique.
F : Par exemple, laver toutes les surfaces en bois avec du savon noir à chaque changement de client, désinfecter la salle de bain au quotidien, mais ça on le faisait déjà. Il y a tout un processus à suivre : mettre des gants quand on change les draps, par exemple.
Et pour la salle à manger?
F : Pour les déjeuners, on a une grande salle à manger. On va pouvoir faire deux ou trois chambres à la fois sachant qu’on en a cinq. On va surement mettre un système d’horaire. S’il fait beau, on a la terrasse en plus.
J : Pour nous, par chance, ce n’est pas un enjeu primordial.
Vous avez un spa et un sauna, comment vous allez gérer ça?
F : On va faire un système d’heures. Dans tous les cas, déjà quand il y a des gens dans le spa, les autres attendent pour y aller.
J : Pour la piscine, encore une chance pour nous, elle est grande. Elle fait 9 mètres sur 4 mètres, donc les deux mètres sont facilement respectables. Et la piscine est au chlore, donc, au niveau de la santé publique, ça ne pose pas de problèmes.
Voyez-vous de bons côtés à la crise?
F : Oui, j’ai pu faire pleins de travaux! Qui dit maison de 150 ans, dit problèmes de 150 ans. Il y a toujours de petites améliorations qu’on veut faire. Ça nous a permis de repeindre une chambre.
J : On a fait notre petit jardin. L’autre avantage de la crise, c’est que les Québécois vont vouloir découvrir leur province et leur région. Même si on n’est pas encore ouverts (NDLR : ils sont maintenant ouverts), on a déjà beaucoup de demandes de réservations de Québécois qui veulent rester 3-4 nuits.
À quoi une personne peut s’attendre comme expérience en venant à votre gîte? Par exemple, les forfaits.
F : On a plusieurs forfaits. On a des forfaits été et hiver. On a des forfaits avec le bateau à Magog. Avec le train aussi, mais ceux-là ont été annulés pour cet été. Même chose pour notre forfait de massothérapie. Il y a aussi un forfait avec le golf, celui-ci fonctionne pour cet été.
J : L’hiver, on a des forfaits de ski avec les montagnes du coin. Il y a le festival des couleurs à l’automne. Dans le village, on a pas mal de petits restaurants : on a un restaurant végétalien, une microbrasserie. On a l’abbaye St-Benoit du lac avec le fromage. Tu peux venir ici et te dire que tu viens juste relaxer. On a une belle salle à manger, la piscine, un terrain, un rond de feu pour se détendre. Ou bien si tu veux visiter et découvrir des produits locaux ou te promener, tu peux aussi.
Est-ce qu’il y a possibilité d’organiser quelque chose pour les gens qui voudraient avoir leur repas sans sortir de l’auberge?
F : On est très souples. On part du principe que les gens sont là pour prendre leur temps et relaxer. Mon but, c’est que mes clients soient bien.
J’ai remarqué sur le site web de l’Auberge de la tour que l’achat local semble très important dans votre entreprise. De quelle façon, ça se concrétise?
F : Ça, c’est quelque chose qui a toujours fait partie de moi. Dans les déjeuners, je pense que je suis à 75% de mes déjeuners qui sont en achat vraiment local. C’est certain que l’été c’est beaucoup plus facile que l’hiver. Je travaille beaucoup avec les Gars de saucisses, l’Abbaye St-Benoît (tous mes fromages viennent de là-bas). Je fais mes courses au marché locavore de Racine ou au marché de la plage de Magog. Dans l’idéal, j’aimerais trouver une ferme locale qui me fournirait chaque semaine pour m’éviter de faire plein de place. Mes œufs, c’est pareil, j’essaie de les acheter à un fermier du coin avec des poules élevées en plein air. Mon boulanger est Steve de la boulangerie Au cœur du pain à Saint-Élie-d’Orford. Pour mes produits ménagers, je me suis tournée vers les produits Bionature qui sont, en plus, écologiques. Je travaille aussi avec l’entreprise Oneka et avec la Savonnerie des Dilligences. Dans chaque chambre, on a mis un petit savon des Dilligences. Les gens peuvent partir avec en souvenir. Ça, c’était important pour moi. C’est une entreprise que j’affectionne particulièrement. On travaille aussi beaucoup avec les Ducs de Montrichard. Des fois, les gens louent le gîte au complet et nous demandent de leur faire des plateaux apéritifs dînatoires. Dans ce temps-là, je vais chercher ma terrine chez eux. Les gens adorent. L’achat local et l’environnement, c’est vraiment des choses qui nous tiennent à cœur. On est dans un beau milieu, alors on essaie d’en prendre soin. On achète aussi le plus possible des produits bio.
Pour ceux qui désireront venir à votre gîte, quelles seraient vos suggestions coup de cœur de lieux à visiter ou d’entreprises à découvrir dans la région?
F : Le marais aux cerises, pour aller se balader, c’est génial. C’est gratuit donc je trouve ça vraiment bien. Tu fais une petite donation à l’entrée si tu le souhaites. C’est une place qui est juste magnifique où tu te promènes sur des passerelles en bois au milieu de la forêt et du marais. Le Parc du Mont Orford, c’est magnifique aussi. J’affectionne beaucoup d’aller à l’abbaye St-Benoît parce que les produits sont bons et c’est joli aussi.
J : La route pour y aller est jolie aussi.
F : Même si tu n’es pas quelqu’un de religieux, tu vas aimer.
L’Auberge de la tour est membre de Bienvenue cyclistes.
Si vous désirez réserver, privilégiez la réservation sur le site web de l’Auberge de la tour ou au téléphone plutôt que par Booking. Les propriétaires vous remercieront avec un 5% de réduction.
Les trois coups de coeur de Bouche à Oreille dans les Cantons de l’Est
♥ Le village de Sutton, pour faire le plein de produits locaux, suivi par du camping ou une randonnée au Diable Vert
♥ Le village de Compton, pour aller au marché public (le jeudi soir) et pour faire le plein de fromage au lieu enchanteur de la fromagerie La Station
♥ Un tour de kayak dans la rivière Magog à Sherbrooke suivi d’un drink ou d’un souper sur la magnifique terrasse de La buvette du Centro (resto végétarien zéro déchet)
Et pour d’autres suggestions d’hébergement à travers le Québec, je vous invite à lire l’article :
Des hébergements écoresponsables québécois à découvrir