Je connais Caroline depuis quelques années déjà. Elle a été une personne marquante dans mon processus de vie. Quand elle m’a parlé de ses ateliers avec les chevaux, j’avoue ne pas avoir été certaine. Ça semblait un peu trop ésotérique pour la rationnelle que je suis. Mais j’y suis allée quand même, car j’adore évoluer personnellement et essayer de nouvelles choses. Je dois dire que je n’ai pas été déçue. J’y ai développé mon intuition, constaté des choses qui m’auraient peut-être pris des années à comprendre et j’ai eu des preuves assez concrètes de son efficacité. Après une journée, mon côté rationnel était convaincu. C’est donc pour moi un plaisir de vous présenter cette approche encore si peu connue au Québec. En espérant vous donner le goût de laisser vos barrières de côté et de vous laisser tenter par l’expérience du mieux-être facilité par les chevaux.
Entretien avec Caroline Caouette, psychologue
Quel est ton parcours et qu’est-ce qui t’a amené à travailler avec les chevaux?
J’avais 10 ans quand j’ai su que les animaux devaient faire partie intégrante de ma vie! Vétérinaire! C’est ce que je me suis mise à dire haut et fort à toute ma famille!
J’ai travaillé fort à prouver cet élan qui venait du fond de mon âme! Aussitôt qu’il y avait une image d’animal ou des animaux réels, toute mon énergie et ma joie se réveillaient! Malheureusement, n’étant pas très douée en mathématiques et en chimie à l’école, j’ai dû modifier mon parcours vers une technique de santé animale.
Je l’ai fait et j’aimais énormément cette profession! Mais il manquait un petit quelque chose pour me sentir complète. Face à ma limite avec les sciences, j’ai pris la décision de retourner aux études, mais cette fois pour apprendre davantage sur l’humain : la psychologie! C’était facile pour moi de comprendre l’humain! Tellement que j’en suis sortie avec un doctorat!
Ensuite, qu’est-ce qui s’est passé?
Je me suis mise à aider les gens et j’ai mis de côté les animaux. Chaque jour, de chaque semaine, je rencontrais une vingtaine de personnes en recherche de bien-être et, au fond, à la recherche d’eux-mêmes! Des humains avec toutes sortes de symptômes que j’aidais avec mes connaissances. Mais, intuitivement, je sentais qu’il manquait quelque chose, mais quoi?
Un matin, je regardais mon petit Beagle dans les yeux et j’ai décidé de l’apporter avec moi travailler. Willy a apporté immédiatement une belle différence dans mon quotidien de psy et pour les gens qui acceptaient sa présence aussi. Quelque chose se déposait. Parfois, il nous aidait par ses comportements à mettre en lumière des thèmes difficiles à percevoir pour le mental. Willy savait ce que nous, humains, ne savons pas toujours, étant souvent limités par notre égo! Ce petit Willy a fait ses preuves en m’accompagnant et m’a aussi prouvé que les animaux devaient réapparaître dans mon quotidien, pas juste à la maison!
Au printemps 2013, mon âme s’est réveillée, mais « pour de vrai »! J’ai rencontré, en personne, et non plus seulement en rêve, les êtres les plus ancrés, libres et authentiques que j’ai connus sur cette planète Terre : les chevaux! À l’écurie Namasté, j’ai suivi un atelier de mieux-être facilité par les chevaux qui m’a ouvert à tout un monde. C’est comme si on m’avait implanté un poumon!
Ç’a donc été le début avec les chevaux.
Oui. Ils étaient là, en avant de moi, prestigieux, immenses, connectés, et ils savaient! On ne sait jamais ce qu’ils savent, mais je sais qu’ils savent! Je ne pouvais plus m’empêcher d’être à leur côté, c’est devenu une question vitale! C’était comme si, avec le cheval, les deux parties de moi pouvaient enfin faire une. Cette partie instinctive, l’animal et cette partie humaine, la psychologie!
J’ai commencé une démarche pour me former à travailler avec eux. Ça a été magique!
Depuis qu’ils sont officiellement dans ma vie (car jusqu’à présent quatre partenaires équins ont accepté d’être mes compagnons de vie officiels), le travail sur moi se fait de façon exponentielle! Difficile à avouer pour une psychologue, mais, être à leur côté, en présence attentive à moi, a été et reste la plus grande des thérapies!
Intéressant! Une autre forme de thérapie, donc.
Je ne suis pas toujours en thérapie avec eux. Parfois, c’est moi qui aide mon cheval et parfois, on est juste là, ensemble, à ne rien faire! Mais c’est bon ça aussi! En leur présence, mon âme est légère et calme. Mes qualités d’humaine peuvent être à leur plein potentiel, car ce sont des caractéristiques propres au cheval aussi (intuition, sensibilité, réceptivité, vulnérabilité, vitalité, à l’écoute, détermination).
Avec les chevaux, être là ne suffit pas. Pour connecter avec eux, on se doit d’aller dans notre sensibilité, notre intuition et notre corps. Puisqu’ils sont des animaux de proie ultra sensibles, ils reconnaissent toutes les tensions extérieures. Il doit donc y avoir une cohérence entre ce que l’on sent et ce que l’on fait, sinon ils ont peur! Et s’en vont.
Un peu comme notre âme. Quand l’humain se déconnecte pour se réfugier dans la performance, l’égo, l’insensibilité, c’est à ce moment qu’il perd contact avec lui-même et qu’apparaissent les symptômes qui mènent tant de gens à consulter des psychologues : l’anxiété, la dépression, l’épuisement, la perte de sens face à la vie, et j’en passe!
Mon chemin, c’est avec les animaux qu’il retrouve son sens. Et je suis heureuse de partager mon quotidien avec les chevaux, ces magnifiques êtres qui nous invitent à nous connecter à nous-mêmes pour entrer en relation avec eux.
Qu’est-ce que l’approche du mieux-être facilité par le cheval?
Le mieux-être facilité par le cheval est un partenariat avec le cheval pour apprendre, croître, changer et améliorer son bien-être. L’animal se veut ici un partenaire d’égal à égal et non un au détriment de l’autre. C’est une approche expérientielle, en d’autres mots, qui met l’accent sur l’expérimentation. Les bénéfices de ce type d’approche prennent place du fait que la personne participe à une activité, l’évalue et détermine ce qui est utile ou important et puis utilise ces informations pour s’améliorer. Le participant se veut donc plus actif que lors d’une approche traditionnellement « verbale » faisant majoritairement appel au cognitif. La valeur ajoutée est le partenariat avec le cheval, un être dynamique, puissant, avec une personnalité propre et une dynamique de troupeau. Dans l’expérience avec le cheval, il n’y a ni positif ni négatif, tout devient de l’information pour la personne.
Quels bienfaits peuvent apporter le travail en compagnie des chevaux?
Lors de ces rencontres, vous allez avoir la chance d’acquérir des informations sur vous à plusieurs niveaux :
- Augmenter sa conscience corporelle
- Utiliser le corps pour être plus à l’écoute de ses besoins
- S’enraciner
- Développer et faire confiance à son intuition
- Devenir conscient de son espace
- Développer son affirmation de soi
- Mieux comprendre ses réflexes relationnels
- Voir comment établir des relations respectueuses et de collaboration
- Lâcher prise
- Apprendre le monde des émotions et comprendre leur importance
Le fait de s’arrêter, de s’enraciner, d’observer ce qui se passe en nous de façon consciente peut amener à ressentir des émotions parfois difficiles à vivre ou à prendre conscience de pensées et/ou comportements dérangeants. Ce processus est normal et temporaire. Tout vécu et émotion partagés seront accueillis avec bienveillance, tout en respectant votre rythme.
Comment se déroule une séance en individuel?
La durée de la rencontre est d’environ 60 minutes. La séance comporte une partie discussion et une partie pratique avec les chevaux. Aucune expérience avec les chevaux n’est nécessaire. La partie pratique a lieu à l’extérieur, il faut donc prévoir des vêtements en conséquence de la température et des souliers fermés près des chevaux. Les exercices auprès des chevaux ont lieu au sol seulement. Le premier exercice se veut une rencontre de contact indirect avec le cheval pour permettre une prise de contact sécuritaire avec les chevaux. Il est essentiel de rappeler que l’animal est présent en tant que facilitateur d’un retour à soi au travers de l’exercice de découverte de soi.
Mon rôle? M’assurer de la sécurité et inviter la personne à se redécouvrir en compagnie des chevaux et mettre les mots d’humain sur le langage cheval.
Quelles sont les caractéristiques des chevaux qui les amènent à être des bons partenaires de développement personnel?
Tous les chevaux portent les caractéristiques pour être un bon partenaire de développement personnel. Leur grande sensibilité, leur besoin d’être entourés d’êtres vivants authentiques et cohérents pour assurer leur sécurité, leur grande présence à ce qui est là, dans l’ici et maintenant, en font des partenaires de croissance pour tout humain le désirant. Il est cependant crucial de les respecter dans leur nature de cheval pour qu’ils ne deviennent pas conditionnés ou désensibilisés de leur nature propre. En d’autres mots, ils doivent avoir le droit de s’exprimer et les humains qui s’occupent d’eux doivent répondre aux conditions minimales pour respecter leur nature de cheval, soit : (1) être dans un troupeau (trois chevaux et plus), (2) avoir du foin à volonté et (3) toujours être dehors. Leurs besoins doivent être répondus pour assurer leur mieux-être et ainsi, ils sont plus disposés à avoir envie de travailler avec nous.
Peux-tu nous donner un exemple d’un moment où le cheval a été très éclairant pour un participant?
Une jeune femme est venue me voir avec la demande d’apprendre à s’affirmer. Elle parlait très doucement, bougeait peu et était très timide. Je l’avais invitée à faire bouger Billy, mon premier cheval, seulement avec ses intentions et sans laisse. Elle essayait de le faire, mais elle remuait très peu sa main et son intention n’était pas très forte. Il ne se passait rien ; Billy demeurait calme à ses côtés, en attente. J’ai donc dit à la cliente que j’allais lui montrer comment faire. J’ai pris le bâton et j’ai cherché à aller vers Billy. Il m’a gentiment poussé vers la clôture, l’air de me demander de me « tasser », puis il s’est mis à marcher en arrière de la participante et à la pousser avec son nez tout doucement, mais avec une intention claire qu’il voulait qu’elle avance. Ceci a réveillé l’énergie de ma cliente et elle s’est mise à s’affirmer et à dire pleins de trucs. Billy a arrêté. Je l’ai donc invitée à retenter la même chose avec lui et elle a réussi.
Quelles sont les problématiques qu’on pourrait travailler en présence des chevaux?
Apprendre à être en relation, s’affirmer, apprendre à se connaître, définir ses limites… Être avec les chevaux, ce n’est surtout pas d’avoir un objectif final de régler quelque chose. C’est un processus. L’idée, c’est de ne pas avoir d’attente sur la finalité, mais de voir ce qui est éveillé à la rencontre des chevaux et d’amener ça ensuite dans le monde concret. Être capable de s’affirmer avec un cheval démontre qu’on peut l’être aussi avec un humain. C’est comme un coffre qu’on ouvre avec eux, on ne sait pas trop ce que l’on découvre, mais on retrouve assurément des parties de soi mises de côté.
Tu fais des rencontres individuelles, mais tu fais aussi des ateliers de groupe. Peux-tu me parler de ceux que tu vas donner cet été?
Je veux offrir deux ateliers.
Le premier sera pour les gens en relation d’aide. Je me rends compte que les gens qui donnent beaucoup (enseignant, travailleur social, infirmière, médecin, psychologue…) ne prennent souvent pas soin de ce qui se passe en eux. Ainsi, cet atelier permet à ces gens de prendre soin d’eux, de mettre en lumière l’importance de s’occuper de soi, surtout lorsqu’on a une profession qui met les autres en avant-plan.
Le deuxième se nomme Rappelle-moi qui je suis. Un atelier de retour à soi, à des parties de soi enfouies. Cet atelier aidera le participant à retrouver des parties trop longtemps oubliées et à mieux se comprendre.
La programmation sortira sous peu. (Mise à jour, vérifiez avec Caroline. Sa programmation change chaque année.)
Peut-on participer à une rencontre même si on a peur des chevaux?
Oui, il n’y a jamais aucune obligation de contact direct avec les chevaux. Tout peut se faire à l’extérieur de la clôture.
Est-ce que la magie des chevaux opère sur tout le monde?
Non. Il faut être capable de connecter aux sensations du corps, à ce qu’il envoie comme information et connecter à ses émotions. Les gens très rationnels, très cartésiens qui veulent voir le concret du concret ne vivent pas la même expérience que quelqu’un qui s’ouvre à son monde émotif. Si la personne est dans le mental et cherche des preuves, il est possible que l’expérience soit différente. L’ouverture à ses émotions, ou du moins désirer l’être, est une clé pour aller à la rencontre de soi accompagné des chevaux.
Finalement, selon toi, qu’est-ce que l’humain gagnerait à apprendre du cheval?
D’être capable de s’autoriser à lâcher prise, à avoir confiance en la vie, d’écouter comment le corps a envie de se positionner. Être pleinement conscient de ce qui nous habite ici et maintenant. Nous sommes souvent dans le futur ou le passé. Avec les chevaux, si on est dans le futur ou le passé à côté d’eux, c’est comme si on n’existait pas. Parce qu’on n’est pas présent. Développer cette qualité de présence est un atout majeur. Apprendre à écouter le langage du corps. Le corps parle beaucoup et on ne l’écoute pas toujours. La réponse à une question arrive souvent dans le corps : une tension, une légèreté… Aussi, apprendre à écouter ses émotions, finalement découvrir comment être en relation avec d’autres humains dans le respect et le non-jugement. Les chevaux sont des animaux de troupeaux. Ils sont toujours en équipe. Ils ne sont pas là à se juger : lui n’a pas fait ça… Ils apprennent à collaborer ensemble en se respectant et en mettant leur limite. L’humain a beaucoup à apprendre de ça, je pense. Ils se respectent les uns les autres, mais ils se respectent d’abord eux-mêmes. C’est inspirant pour un humain de se respecter d’abord.
Écurie située à North Hatley, Cantons-de-l’Est
Plusieurs photos ont été prises par James Bullock.
Vous aimez les entrevues? Découvrez l’entretien réalisé avec Laura Pedebas, La Cyclonomade :
Traverser l’Amérique du Nord à vélo pour sensibiliser quant à la survie des monarques